La série interminable du litige opposant la Tanzanie à la Guinée continue de livrer ses épisodes. Après l’audience du 11 juin dernier au Caire, la Fédération Guinéenne de Football a été officiellement notifiée de la décision rendue par le jury d’appel de la Confédération Africaine de Football (CAF). Une décision qui enterre à nouveau les espoirs du Syli National pour la CAN TotalEnergies Maroc 2025. La FGF, dans son ambition de participer à cette compétition à tout prix, entend désormais saisir le Tribunal Arbitral du Sport
Après deux échecs administratifs, peut-on parler d’une affaire qui serait au-dessus des règles ? Le soft power tanzanien ne serait-il pas l’élément clé dans cette histoire qui continue de faire la une ? Si toutefois la Tanzanie a commis une erreur lors de cette rencontre, pourquoi aucune mesure n’a-t-elle été prise pour sanctionner le fautif ?
Tanzanie plus précieuse que la Guinée devant la CAF ?
Cela paraît un peu étrange de faire cette comparaison. D’ailleurs, certains diront qu’elle n’est pas fondée, mais essayons d’analyser les choses autrement. Si certaines règles jouent en faveur de la Guinée, pourquoi tant de tâtonnements dans le verdict final ? Pourquoi tant d’échecs pour la Guinée ?
La réponse peut s’expliquer par le statut actuel de la Tanzanie. Oui, ce pays d’Afrique de l’Est s’est forgé une image séduisante ces dernières années dans le football africain. De nos jours, le championnat tanzanien est l’un des plus attrayants et compétitifs du continent.
Cela s’illustre d’ailleurs par les récentes signatures de certains joueurs guinéens dans ce championnat, à l’image du gardien du Syli National, Moussa « Pinpin » Camara, de l’ancien meilleur buteur de la Ligue 1 Guicopres, Abdoulaye Yonta Camara, ou encore de Damaro Camara. En campagne africaine, les performances de cette année du Simba SC, finaliste de la Coupe de la CAF, témoignent de la grandeur et du niveau du championnat tanzanien.
À travers le football, les autorités tanzaniennes sont désormais actives dans la géopolitique du sport. Co-organisatrice du CHAN 2024 et co-organisatrice de la CAN 2027, la Tanzanie pèse lourd face à la Guinée. Oui, la Guinée, qui était d’ailleurs censée organiser cette édition 2025, pour laquelle sa participation dépend désormais d’une décision administrative et non d’un résultat technique sur le terrain.
En se basant uniquement sur les articles 50 et 71 du règlement qui établissent que seuls les joueurs dont le numéro indiqué sur le maillot correspond au numéro mentionné sur la feuille de match sont qualifiés pour prendre part au match en question, la décision de la CAF devrait être en faveur de la Guinée. D’ailleurs aucune décision n’a été motivée par x ou y raison en ce qui concerne l’invalidation des recours de la Féguifoot.
Pourtant l’article 47 du Règlement, dispose que : « Pour toute erreur administrative, en matière d’enregistrement des joueurs, l’association nationale concernée sera suspendue de participation à l’édition suivante de la CAN, et son équipe sera éliminée de la compétition si cette dernière est toujours en cours. »
Alors, face à de telles situations, aucun détail n’est à négliger, tout est important.
Aujourd’hui, le football ne se joue pas uniquement sur les pelouses ; il est devenu un outil de soft power, un atout majeur dans la géopolitique. Des pays comme le Qatar, l’Arabie Saoudite ou le Maroc misent désormais sur le sport, particulièrement le football, pour asseoir une véritable identité à l’échelle internationale. Une leçon de géopolitique désormais comprise par la Tanzanie.
Ce litige représente certes un sujet délicat pour l’instance faîtière du football africain, mais lorsqu’il s’agit de faire un choix, de chouchouter un pays, de câliner une fédération, la Tanzanie sera bien accueillie et choyée par la CAF. Car l’enfant toujours présent, celui qui accepte les commissions et les exécute à la lettre, sera toujours le bébé gâté. La Tanzanie est ce bébé gâté dans cette affaire.
Dans son ambition de vouloir jouer la CAN à tout prix, la FGF entend saisir désormais le Tribunal Arbitral du Sport (TAS).
En attendant la décision finale du TAS, les millions de Guinéens gardent l’espoir de voir le tricolore national à la CAN 2025 prévue en terre marocaine du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026.
Par Mamadou Diari Baldé, Journaliste sportif