Footballeur guinéen évoluant en France, Mamady Bamba, 25 ans, porte cette saison les couleurs de l’Union Sportive de Sarre-Union (USSU), club de National 3 basé dans la région Grand Est. Son parcours, marqué par une détermination sans faille, témoigne du rêve et des sacrifices de nombreux jeunes guinéens aspirant à une carrière professionnelle à l’étranger. Dans cette interview exclusive, il revient sur son ascension, ses ambitions et son regard sur le football guinéen.
Originaire de Guinée Conakry, Mamady Bamba n’a pas suivi le parcours classique d’un joueur professionnel. Contrairement à beaucoup de jeunes talents formés en première ou deuxième division, il a d’abord misé sur les études. « Je n’ai pas eu la chance de jouer en première division guinéenne. Je m’entrainais uniquement pendant les vacances avec l’équipe B du Horoya Atlhetic Club », confie-t-il. Pourtant, son talent n’est pas passé inaperçu. Encouragé par le directeur sportif du club d’alors, Koly Koivogui– à qui il adresse aujourd’hui ses condoléances –, il a persévéré malgré les contraintes imposées par son parcours académique.
Son arrivée en France a marqué un tournant décisif. Parti du niveau district, il a gravi les échelons à une vitesse impressionnante. Après une saison en Régional 1 avec Cormontreuil, il signe en National 3 avec AS Prix-lès-Mézières. Une belle aventure interrompue par la crise sanitaire du Covid-19, qui a ralenti sa progression. « Après deux ans sans compétition, c’était compliqué », reconnaît-il. Mais loin de baisser les bras, il rebondit à Épernay avant de retrouver AS Prix-lès-Mézières, puis de poser ses valises à l’USSU cette saison.
S’installer en France n’a pas été un défi insurmontable pour le milieu de terrain. « J’avais déjà des notions de la langue, ce qui m’a facilité́ l’adaptation. Ensuite, c’était une question de mentalité : je savais que je devais me battre pour ma place », explique-t-il. Son talent a fait le reste, lui permettant de s’imposer dans chacune des équipes qu’il a rejointes. Aujourd’hui, polyvalent au milieu de terrain, il s’adapte aux exigences tactiques de son entraîneur et des adversaires.
Malgré un parcours semé d’embûches, Mamadi Bamba garde une ambition claire : évoluer au plus haut niveau. « Comme tout joueur, on veut toujours progresser. Je travaille dur et j’y crois », affirme-t-il. En parallèle de sa carrière de joueur, il s’investit aussi dans la formation des jeunes, un domaine qui le passionne. « J’aime tout ce qui touche aux enfants. Je me forme en tant qu’éducateur et, qui sait, peut-être que je deviendrai entraineur un jour. »
Suivant de près l’évolution du football dans son pays natal, il reconnaît quelques améliorations mais reste lucide sur les défis à relever. « À mon époque, il était difficile de s’entraîner, faute d’infrastructures adaptées. Aujourd’hui, il y a eu des progrès, mais pas encore assez. Il faut investir davantage et mieux valoriser les joueurs locaux. » Son constat est amer : « En 2025, ne pas avoir un stade pour accueillir un match de qualification, c’est triste. »
Un rêve en rouge, jaune et vert?
Si l’opportunité se présente, Mamady Bamba n’hésitera pas à porter les couleurs du Syli National. « Nous sommes nés et avons grandi en Guinée. Représenter mon pays serait une immense fierté. » Inspiré par des milieux de terrain de renom comme Paul Pogba, Jude Bellingham et Pedri, il continue de progresser, porté par la passion du jeu et l’espoir de voir son rêve se réaliser.
Mamady Bamba incarne cette génération de footballeurs guinéens qui, malgré les obstacles, refusent d’abandonner. À l’USSU, il poursuit son ascension, avec l’espoir d’écrire une nouvelle page de son histoire sur les terrains de football.
Mountaga Pandiara Diallo