La Fédération Guinéenne de Football (FGF) annoncé dimanche la fin de la collaboration avec M. Kaba Diawara, sélectionneur de l’équipe nationale Syli A, ainsi que de l’ensemble de son staff technique, en raison de la non-réalisation des objectifs sportifs fixés. Pour pallier cette situation, la FGF a décidé de mettre en place un directoire transitoire. Bien que cette décision se veuille stratégique, elle n’est pas sans rappeler des précédents qui, par le passé, n’ont pas produit les effets escomptés.
Entre synergie et complexité de collégiale
Le nouveau directoire transitoire, comprenant des figures telles que Michel Dussuyer, ancien sélectionneur du Syli National, Charly Paquille, et Souleymane Camara “ Abedi”, vise à apporter une diversité de compétences et une expérience variée. Ce choix repose sur l’idée que la collégialité peut générer une synergie bénéfique à l’équipe nationale. L’expertise de Dussuyer, combinée à la proximité de Paquille avec les joueurs, ainsi que la connaissance approfondie de Souleymane Camara des talents locaux, devraient théoriquement permettre de renforcer la cohésion et l’efficacité de l’équipe.
Cependant, cette approche collégiale comporte des risques notables. La nécessité de coordonner les actions et de parvenir à un consensus peut engendrer des lenteurs décisionnelles et des divergences de visions. L’histoire récente du football guinéen nous rappelle que ce modèle de gouvernance a déjà été expérimenté en 2009 suite au limogeage d’Aboubacar Titi Camara, notamment avec des figures telles que Mamadi Souaré dit Passarela, Mandjou Diallo et Feu Ousmane Pélé Diop. Malheureusement, cette tentative n’a pas produit les résultats escomptés, entraînant des dysfonctionnements et des conflits internes.
Un leadership unique : une alternative nécessaire ?
La question de confier les rênes de l’équipe à un seul sélectionneur demeure pertinente. Un leadership centralisé présente l’avantage d’une vision unifiée et d’une responsabilité claire, permettant une prise de décision rapide et une mise en œuvre sans entrave. Un sélectionneur unique pourrait incarner l’autorité nécessaire pour naviguer les défis sportifs et administratifs, en assurant une direction sans ambiguïtés. Au regard des précédents, il est légitime de se demander si la collégialité est véritablement la meilleure approche pour une équipe nationale en quête de résultats rapides et probants.
Les Limites de la Décision
L’absence d’un appel à candidature pour la sélection des membres du directoire soulève des questions sur la transparence et la méritocratie. Un processus ouvert aurait permis de considérer un éventail plus large de candidats, assurant ainsi une sélection basée sur des critères objectifs de compétence et d’expérience. Une telle démarche aurait renforcé la légitimité des nominations et accru la confiance des supporters et des partenaires dans cette transition. En omettant cette étape, la FGF risque de susciter des suspicions et de compromettre la crédibilité des choix effectués.
Efficacité à court et long terme
Le directoire transitoire est en place jusqu’à la fin des qualifications pour la CAN 2025, une période cruciale pour le Syli National. La gestion de cette période nécessite une rigueur et une collaboration sans faille. Cependant, il est essentiel de se demander si cette approche collégiale permet de poser des bases solides pour l’avenir ou si elle constitue simplement une solution temporaire à une crise immédiate. La FGF doit évaluer en permanence l’efficacité de ce directoire et être prête à ajuster sa stratégie en fonction des résultats obtenus et des retours d’expérience.
Une évaluation rigoureuse
La mise en place d’un directoire transitoire pour la gestion de l’équipe nationale de Guinée est une initiative audacieuse, mais potentiellement risquée. La capacité de ce directoire à surmonter les défis de la collégialité et à offrir une direction cohérente sera déterminante pour l’avenir du Syli National. La FGF doit rester vigilante et flexible, prête à ajuster sa stratégie en fonction des performances et des besoins de l’équipe.
La période de transition qui s’annonce est à la fois une opportunité et un défi. Si le directoire parvient à transformer les défis en opportunités, il pourra poser les bases d’un avenir prometteur pour le football guinéen. Sinon, la FGF devra envisager des alternatives pour garantir la progression et le succès du Syli National sur la scène africaine et internationale.
Sékou Koutoubou Kaba
Journaliste
Tel: 623 12 32 32