Depuis la dernière victoire du Fello Star de Labé en 2010, les clubs de l’intérieur de la Guinée ont été relégués à un rôle de spectateurs, tandis que les clubs de la capitale, notamment le Horoya AC, ont imposé leur domination sans partage. Sur les 13 titres en jeu durant cette période, le Horoya seul a glané 11 titres. Cette suprématie, ponctuée par les rares incursions de l’AS Kaloum en 2014 et du Hafia FC en 2023, semblait inébranlable. Cependant, la saison 2024 semble marquer un tournant historique dans le football guinéen.
Actuellement, trois clubs de l’intérieur émergent en tête du classement après 17 journées : l’AS Mineure de Sangaredi, le Milo FC de Kankan et le CI Kamsar. Ces équipes se distinguent non seulement par leurs performances sportives, mais également par la qualité de leur encadrement technique. Sous la houlette de Souleymane Camara Abedi, l’AS Mineure de Sangaredi occupe la première place avec 36 points. Le Milo FC, dirigé par Ismael Kaba, suit de près avec 31 points, tandis que le CI Kamsar de Guillaume Soumah complète ce trio de tête avec 31 points.
Cette dynamique inédite trouve ses racines dans la compétence et le dévouement de jeunes entraîneurs Guinéens, qui ont su tirer partie de l’expertise locale pour bâtir des projets sportifs cohérents et ambitieux. Souleymane Camara Abedi, Ismael Kaba et Guillaume Soumah incarnent cette nouvelle génération de techniciens capables de rivaliser avec les meilleurs.
En dépit des difficultés, ces clubs de l’intérieur montrent une résilience exemplaire, prête à mettre fin à l’hégémonie des géants de Conakry. À moins d’un revirement spectaculaire, il est fort probable que le titre de champion de Guinée 2024 prenne la direction de l’intérieur du pays. Cette perspective ne serait pas seulement une consécration pour ces équipes, mais aussi une preuve éclatante de la vitalité et de la diversité du football guinéen.
Les mois à venir seront décisifs, mais d’ores et déjà, la saison 2024 s’annonce comme une révolution sportive, redonnant espoir et fierté aux régions longtemps marginalisées. Le football guinéen, en pleine mutation, pourrait bien couronner une nouvelle ère où l’équilibre des forces sera profondément redéfini.
Sékou Koutoubou Kaba
